Nouveau regard sur Beauregard

Bienvenue sur cette page dédiée aux explorations menées sur ce fantastique réseau par le GRSC. Vous y retrouverez le compte-rendu plus ou moins étoffés de mes sorties menées de temps à autre avec les explorateurs, et ce sans autre prétention que celle de laisser une trace écrite des travaux réalisés en leur agréable compagnie.
JC London

mardi 9 décembre 2008

24 heures dans le trou

C'est le temps passé sous terre au Souffleur de Beauregard ce week-end du 6 au 7 décembre 08 dans le cadre de la formation "Bivouac Souterrain" que j'animais pour le compte de la commission Enseignement de l'U.B.S. (voir la pub).



Après une soirée théorique que j'avais donnée le vendredi 5/12 au soir à la Maison de la Spéléo (Namur) devant une douzaine d'intéressés (merci à JeanLefèvre pour les photos), nous étions dix spéléos à nous engager le samedi vers 15h à Beauregard pour mettre en pratique les notions abordées. Mais avant ça, il aura fallu pour chacun conditionner un kit avec tout le nécessaire pour passer une nuit sous terre et puis le trainer à travers une grande partie de la cavité pour installer le camp en haut du réseau Aragon. Autant dire que le bivouac était bien mérité car le cheminement, on ne peu plus varié, n'a rien d'une ballade, surtout chargé. Le but n'était pas ici d'aller bêtement installer un sac de couchage à quelques minutes de l'entrée mais bien de mettre les participants dans une situation les confrontant aux différentes difficultés liées à l'installation d'un bivouac profond ou éloigné. Puits, méandres, oppos, étroitures, rivière, escalades, boyau boueux, flotte, rien ne leur a été épargné, si ce n'est la température qui en Belgique n'a rien à voir avec celle d'un gouffre alpin par exemple. A part Jacques D. qui n'a pas aimé le plat principal (les "banquettes de veau"), toutes et tous ont atteint en +/- 4 heures la grande salle Joker qu'il a fallu alors transformer en dortoir pour... 9 personnes...
Petit tour de force quand on sait qu'elle est en forte pente, encombrée de nombreux blocs et de plus bien plus humide que prévu suite aux intempéries des jours précédents.


C'est d'ailleurs dans le smog dû à notre évaporation mélangée à la fumée de nos deux accrocs à la cigarette, que furent installés 6 hamacs savamment agencés pour nous laisser encore la possibilité de terrasser 3 emplacements relativement confortables au sol.



Les réchauds à alcool et la petite plate sortis, les repas lyophilisés variés furent vite engloutis et finalement appréciés, ne fusse que pour la facilité de préparation. Le temps encore d'une petite tisane et de bonbons (ou plutot des chics, suivant qu'on soit Namurois ou Liégeois ;-) distribué à tous les enfants sages par le grand (!) St Nicolas en personne, le temps de se glisser après un dernier pipi sous les couvertures de survie, et il était 23 h bien sonnées quand les premiers ronflements tentèrent de couvrir les impacts des gouttes à gouttes (ça mérite bien le pluriel !).

Les cheminées ne manquent pas à Beauregard.
St Nicolas n'aura pas eu du mal à descendre par l'une d'elles !


Question de rester en phase avec la théorie (min 8 heures de sommeil), le réveil étail programmé à 8h. Petit déj englouti, gants, chaussons néo et combis trempées enfilées (+ pour certains la sous combis...), sacs bouclés (pas aussi simple qu'en surface...), la caravane se remit en route à 10h00. Tous n'étant pas reposés de la même manière, la majorité reprit le chemin de la veille tandis que j'emmenais les deux plus curieux et motivés (devinez qui ?;-) dans le méandre "Perfect", une anthologie du genre, pour y planter deux spits en vue de sécuriser un ressaut donnant sur un second équipé quelques semaines auparavant avec Patrice, et ainsi rejoindre la rivière orange à quelques mètres de la cascadelle. Pas besoin de proposer deux fois à mes compagnons une petit incursion en amont, ce qu'il apprécie à juste titre.

Ce fut ensuite le retour jusqu'au confluent où nos compagnons n'ont pas eu le courage (froid) de nous attendre pour aller faire un petit crochet par la galerie des Sages et la Salle A. Lachambre, ce que nous avons fait dans la foulée, ce qui reste -même quand on connait- un moment unique, tant ces deux endroits sont féériques.

Et puis il y eut le retour vers la surface, avec en plus le kit collectif "orphelin". Nous rattraperons nos prédécesseurs aux fameuses banquettes de veau où notre vétéranne et (c'est comme ça qu'on dit ?) et non moins plus jeune spéléo (7 mois qu'elle en fait... motivée, chapeau) accouche dans la douleur de son maxi kit :-). Y'aura aussi un énorme sherpa qui capitulera dans la rivière Sud. Et enfin la lente remontée des puits d'entrée, à la queue leu leu, tout en dissertant entre nous de notre petite vie misérable de spéléo.

Dernière sortie à 15h, accueillis discrètement dans la doline par un rayon de soleil glacial et une "Jup" bien fraîche offerte par Jacques D. revenu sans rancune à notre rencontre.

Je retiendrai de cette sortie inédite la franche camaraderie, la bonne humeur et le bon niveau des participants, même si certain(e)s ont du mordre sur leur chique ;-)

Quant à eux, nul doute que l'expérience leur a été bénéfique car ils savent désormais ce que représente un véritable bivouac souterrain, comment s'y prendre au mieux pour le préparer et surtout ce que ça impliqueune fois sous terre. Et moi même, j'ai encore appris des choses. Par exemple, qu'il fait bien meilleur dans les grottes belges que dans les cavités alpines !

Quelques commentaires sur ce bivouac certifié "ISO 642" (lire à la 6-4-2 ;-) sont en ligne sur
le blog du projet Explo2009.

Et une photo parmi d'autres visibles sur la galerie de Djai.

On reconnaitra de gauche à droite
Jacques (Calcaires), Anthony et Arnaud (CRSL), Nico (ESS/C7), Véro (Stalac), Frank et Mumu (ESS), Jérome (RCAE), Jack (C7)
On ne reconnait pas au milieu
Vincent (Gssem)